août 232015
• Chronique par Franpi Barriaux dans Sun Ship (23 août 2015)
Au premier abord, la question qui effleure lorsqu’on déchire le petit plastique du disque, c’est « pourquoi ? ». Exactement comme mon camarade Guy qui signe un papier que je pourrai parapher. Un excellent papier comme à l’accoutumée.
Pourquoi ce concert, et cette formation pour ouvrir la nouvelle collection du remarquable label Dark Tree qui nous a si souvent enchanté ? Roots Series, le ton était lancé. Les oreilles palpitent d’avance.
C’est l’équivalent en production de ce qui s’appelle ici Les Racines du Bien. C’est à dire piocher au plus profond de nos mémoires, dans les désirs de nos galettes pour quérir quelques rhizomes, quelques déclics… Un cheminement d’oreille personnel à vocation universelle.
La passion de la musique.
Pasadena, 1975. La musique qui percole de ce quintet a 40 ans ; elle ne semble pas avoir pris une ride, elle ne s’altère pas. Point de Date Limite d’Utilisation Optimale.
C’est ce qui marque dès qu’on écoute le long « Love’s Dream » où la complicité de Carter et de Bradford est éclatante. A l’unisson d’abord, puis dans un délitement qui tient presque de la sédimentation, un léger décalage dans les discours. La trompette de Bradford a croisé l’âme de Don Cherry ; quand à Carter, le timbre de sa clarinette est caressant mais devient vite brûlant.
NoUTurn. Il n’y aura plus de demi-tour ; le nouvel atour est d’aller désormais toujours droit devant. Les murs sont tombés et l’on peut foncer dedans en klaxonnant.
C’est tout, et c’est suffisant. Alors pourquoi ce « pourquoi » ?
Le « Pourquoi » vient avant tout du quintet. De ce quintet inédit et pas forcément « remarquable » au sens historique du terme ; la relation entre le trompettiste Bobby Bradford et le multianchiste John Carter est documentée, et largement. Les Montaigne et La Boétie du Free-Jazz post-colemanien des années 70 ont à leur actif de nombreux disques, avec Tom Williamson et Bruz Freeman en quartet (on songe notamment à l’excellent Flight For Four. Il a même fait l’objet de plusieurs disques dans un coffret Mosaic et d’un album Hat-Hut, Seeking.
Ce sont plutôt les trois autres musiciens, qu’on n’avait guère vu ensemble. Ou alors sans le contrebassiste Stanley Carter, qui n’a d’ailleurs guère de postérité (Night Fire)
On trouve aussi par ailleurs les deux soufflants avec d’autres musiciens, ensemble ou séparément avec Vinny Gollia, Glenn Ferris, David Murray… Ces deux là ont traversé les cinq dernières décennies sur de luxueux aréopages, faisant partie de ces révolutionnaires tranquilles.
On notera parmi les coup d’éclats un disque Hat-Hut remarqué, Comin’On en quintet avec Andrew Cyrille, Don Preston et Richard Davis qui se doit d’être dans toutes les litanies oranges des bonnes discothèques.
Ainsi, ce disque.
Un quintet avec deux contrebasses et une batterie qui impressionnent immédiatement par le rythme dense qui semble en constant mouvement. Les contrebasses, celles de Roberto Miranda comme celle de Stanley Carter semblent prendre feu à mesure que les doigts et les archets s’y heurtent. Quand à William Jeffrey, que l’on a vu dans de nombreux albums Black Saint avec John Carter (on pense notamment au saisissant Dauwhe), il explose aussi facilement qu’il explore.
C’est indéniablement sur « Comin’ On », titre identique que le Hat-Hut précédemment cité, qu’on saisit le souffle qui fait le charme de ce disque et la nécessité de sa sortie. On découvre une rage, une virulence aux brisures coupantes comme du silex qui vient saisir l’auditeur. John Carter et son soprano anguleux qui a des reflets coltraniens… L’énergie nous irradie encore quatre décennies plus tard.
Et puis il y a sans doute une volonté chez Bertrand Gastaut, le patron du label Dark Tree de raccrocher les wagons.
On aime tous faire ça.
Dark Tree, je l’ai toujours pensé, tire son nom du disque d’Horace Tapscott The Dark Tree où l’on trouvait entre autre John Carter. Poser les jalons de son identité musicale est une nécessité.
Ce disque y contribue…
Pourquoi ce concert, et cette formation pour ouvrir la nouvelle collection du remarquable label Dark Tree qui nous a si souvent enchanté ? Roots Series, le ton était lancé. Les oreilles palpitent d’avance.
C’est l’équivalent en production de ce qui s’appelle ici Les Racines du Bien. C’est à dire piocher au plus profond de nos mémoires, dans les désirs de nos galettes pour quérir quelques rhizomes, quelques déclics… Un cheminement d’oreille personnel à vocation universelle.
La passion de la musique.
Pasadena, 1975. La musique qui percole de ce quintet a 40 ans ; elle ne semble pas avoir pris une ride, elle ne s’altère pas. Point de Date Limite d’Utilisation Optimale.
C’est ce qui marque dès qu’on écoute le long « Love’s Dream » où la complicité de Carter et de Bradford est éclatante. A l’unisson d’abord, puis dans un délitement qui tient presque de la sédimentation, un léger décalage dans les discours. La trompette de Bradford a croisé l’âme de Don Cherry ; quand à Carter, le timbre de sa clarinette est caressant mais devient vite brûlant.
NoUTurn. Il n’y aura plus de demi-tour ; le nouvel atour est d’aller désormais toujours droit devant. Les murs sont tombés et l’on peut foncer dedans en klaxonnant.
C’est tout, et c’est suffisant. Alors pourquoi ce « pourquoi » ?
Le « Pourquoi » vient avant tout du quintet. De ce quintet inédit et pas forcément « remarquable » au sens historique du terme ; la relation entre le trompettiste Bobby Bradford et le multianchiste John Carter est documentée, et largement. Les Montaigne et La Boétie du Free-Jazz post-colemanien des années 70 ont à leur actif de nombreux disques, avec Tom Williamson et Bruz Freeman en quartet (on songe notamment à l’excellent Flight For Four. Il a même fait l’objet de plusieurs disques dans un coffret Mosaic et d’un album Hat-Hut, Seeking.
Ce sont plutôt les trois autres musiciens, qu’on n’avait guère vu ensemble. Ou alors sans le contrebassiste Stanley Carter, qui n’a d’ailleurs guère de postérité (Night Fire)
On trouve aussi par ailleurs les deux soufflants avec d’autres musiciens, ensemble ou séparément avec Vinny Gollia, Glenn Ferris, David Murray… Ces deux là ont traversé les cinq dernières décennies sur de luxueux aréopages, faisant partie de ces révolutionnaires tranquilles.
On notera parmi les coup d’éclats un disque Hat-Hut remarqué, Comin’On en quintet avec Andrew Cyrille, Don Preston et Richard Davis qui se doit d’être dans toutes les litanies oranges des bonnes discothèques.
Ainsi, ce disque.
Un quintet avec deux contrebasses et une batterie qui impressionnent immédiatement par le rythme dense qui semble en constant mouvement. Les contrebasses, celles de Roberto Miranda comme celle de Stanley Carter semblent prendre feu à mesure que les doigts et les archets s’y heurtent. Quand à William Jeffrey, que l’on a vu dans de nombreux albums Black Saint avec John Carter (on pense notamment au saisissant Dauwhe), il explose aussi facilement qu’il explore.
C’est indéniablement sur « Comin’ On », titre identique que le Hat-Hut précédemment cité, qu’on saisit le souffle qui fait le charme de ce disque et la nécessité de sa sortie. On découvre une rage, une virulence aux brisures coupantes comme du silex qui vient saisir l’auditeur. John Carter et son soprano anguleux qui a des reflets coltraniens… L’énergie nous irradie encore quatre décennies plus tard.
Et puis il y a sans doute une volonté chez Bertrand Gastaut, le patron du label Dark Tree de raccrocher les wagons.
On aime tous faire ça.
Dark Tree, je l’ai toujours pensé, tire son nom du disque d’Horace Tapscott The Dark Tree où l’on trouvait entre autre John Carter. Poser les jalons de son identité musicale est une nécessité.
Ce disque y contribue…
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