• ★RÉVÉLATION !★ JazzMagazine par Anne Yven (mai 2016)
Ce Tournesol est le fruit d’années de soin de la part des jardiniers et poètes sonores à qui l’on doit son éclosion. Émancipé des ses tuteurs, le contrebassiste Benjamin Duboc et le guitariste Julien Desprez, ce premier disque sort des terres montreuilloises où il a été planté. Chercher la lumière est ici gageure. La course vers le jour est l’unique objet de ces crissements de cordes, grésillements électriques, résonances du bois que complètent les percussions aimantes d’un Julien Loutelier, fin limier. Guidés par un « héliophonisme » de chaque instant, ces trois-là malaxent une matière concrète, solide, minérale, paradoxalement non-végétale. Ce qui en rythme et coordonne l’élaboration est l’écoute et la réponse aux micro-modulations de chaque instrument. Sans cette fusion totale entre la contrebasse, la guitare et les percussions, cette musique serait restée tentaculaire et nous aurait perdus. Or, la cohésion l’emporte et fait s’ouvrir l’héliotrope dans un monde qu’il semble déjà subir. Du métal, du crin, du bois jaillit une force de vie rappelant celle du poème Lever d’Aragon : « Exténué de nuit / Rompu par le sommeil / Comment ouvrir les yeux / Réveil-matin / Le corps fuit dans les draps mystérieux du rêve / Le regret du roman de l’ombre ». Vaincue, la nuit capitule. A l’issue de ces 34 minutes de pousse, l’entreprise n’a sombré dans aucune facilité. Elle nous laisse éveillés, exposés à la ténébreuse création.
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