Stéphane Ollivier // ★★★★ Jazz Magazine (février 2024)

A bientôt 79 ans le saxophoniste Daunik Lazro ne semble décidément pas avoir l’intention de « rendre les armes »… Plus que jamais sur le front des musiques qui continuent de résister au formatage des désirs, il multiplie les projets aussi bien dans le champ de l’improvisation libre dont il demeure l’une des figures historiques (« Gargorium » avec Sophie Agnel et Olivier Benoit ou « Trente-cinq minutes et vingt-trois secondes » avec Jean-Marc Foussat, sortis tous deux sur Fou Records) que comme ici dans un registre relevant du free jazz. Propulsé par la fougue d’une section rythmique constituée de Benjamin Duboc à la contrebasse et Mathieu Bec à la batterie, Daunik Lazro, dans ce disque dont la pochette comme l’esthétique renvoie en forme de clin d’œil au Blue Note « progressiste » de la fin des sixties, met le feu à un répertoire constitué de quelques thèmes originaux et collectifs mais surtout d’une série de standards typique de la modernité jazzistique. Revisitant au saxophone ténor des thèmes comme Ghosts et Mothers d’Albert Ayler, Vigil et Love de Coltrane mais aussi le Nefertiti de Wayne Shorter, Daunik Lazro convoque ses fantômes et avec un mélange inédit de ferveur lyrique et de sérénité mélancolique, signe un hymne bouleversant au jazz de son adolescence.

 

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