mai 182017
• Chronique par Franpi sur Sun Ship (18 mai 2017)
Cela faisait cinq ans que nous criions Encore.
Cinq ans, c’est long, et pas seulement en musique, mais ce fut au moins l’occasion de réécouter le premier disque du trio composé d’Eve Risser, de Benjamin Duboc et de Edward Perraud, En Corps. Réécouter comme la peau peut garder en mémoire les frissons, se rappeler des émotions, en faire parfois des obsessions… Bref tout un lexique charnel qui colle parfaitement à la musique de ces trois habitués de ces pages.
Avec En Corps Génération, Bertrand Gastaut, le patron du label Dark Tree a offert aux improvisateurs la possibilité d’un second round. On les retrouve à l’identique où presque, Eve Risser faisant collusion absolue avec chaque atome de son piano à l’instar de Duboc, pleinement investi de chaque nervure du bois de sa contrebasse. Quant à Edward Perraud, sa frappe est une respiration, ou un cœur qui bat la chamade, avec ce qu’il faut d’afflux sanguin.
Oui, c’est la chair qui est cœur de cette Génération. Une génération à comprendre dans son sens séminal ; l’inéluctabilité du cycle qui naîtrait de l’imprévision.
C’est la chair qui est effleuré et qui tressaille, comme ce piano aux cordes étouffées qui se joint à la persistance d’une cymbale dans le long « Des Corps » qui constitue la partie majeure de cette rencontre où la chair, encore elle, tremble, transpire, se plisse sans rompre ou exulte absolument. Le corps est réduit à sa forme reptilienne, délivré de toutes contingences, près à vibrer de chaque contact, fut-ce un effleurement ou un coup de semonce. Ces derniers sont rares, même si la tension monte crescendo. Le morceau de plus d’une demi-heure est parfois discret, étouffé, souterrain. Il ne s’agite qu’à l’occasion d’un tintement, où dans le claquement bref d’une corde sur le bois.
« Des Corps » est physique, c’est la moindre des choses. Charnel, nous l’avons dit, notamment lorsqu’une cavalcade de piano est submergé par une averse tonique de frappes qui fait monter la tension comme de la sève. Sensuel, c’est l’évidence, tant sont réclamées les émotions et le lâcher-prise dans ce tourbillon qui n’est jamais violent. On ne se cogne pas, on se laisse aspirer, porter, dominer par les courants contraires mais jamais acrimonieux, même lorsque la basse sèche et solide de Benjamin Duboc tente de contenir les éclats altérés d’un piano presque méconnaissable mais omniprésent.
Sexuel? Quand bien même la pochette le suggérerait, et que la musique laisse souvent la sensation de s’abandonner à toutes les sensations alentours dans une progression très étudiée, le propos n’est jamais licencieux ou polisson.
Lascif mais pas lubrique. Voluptueux mais pas suggestif.
En Corps s’adresse au corps, on ne s’en étonnera pas. Mais il n’oublie néanmoins pas les âmes, indispensables pour éprouver. On pourrait simplifier les choses en indiquant que c’est le sujet de la deuxième partie de ce concert capté l’an passé en Autriche, et que « Des Âmes » est effectivement plus aérien. Le piano est plus lointain et ne cherche plus à prendre le dessus sur une alliance contrebasse/percussions plus forte. Mais ce n’est qu’une simple redistribution des rôles dans une alchimie on ne peut plus stable, et le piano reprend le dessus, dans un ostinato troublant, en toute fin de morceau. Tout ceci est d’un même trait, d’une même peau, d’un même bois. On en citerait Hugo : « Ce n’est pas la chair qui est réelle, c’est l’âme. La chair est cendre, l’âme est flamme ».
Ce disque nous consume.
Cinq ans, c’est long, et pas seulement en musique, mais ce fut au moins l’occasion de réécouter le premier disque du trio composé d’Eve Risser, de Benjamin Duboc et de Edward Perraud, En Corps. Réécouter comme la peau peut garder en mémoire les frissons, se rappeler des émotions, en faire parfois des obsessions… Bref tout un lexique charnel qui colle parfaitement à la musique de ces trois habitués de ces pages.
Avec En Corps Génération, Bertrand Gastaut, le patron du label Dark Tree a offert aux improvisateurs la possibilité d’un second round. On les retrouve à l’identique où presque, Eve Risser faisant collusion absolue avec chaque atome de son piano à l’instar de Duboc, pleinement investi de chaque nervure du bois de sa contrebasse. Quant à Edward Perraud, sa frappe est une respiration, ou un cœur qui bat la chamade, avec ce qu’il faut d’afflux sanguin.
Oui, c’est la chair qui est cœur de cette Génération. Une génération à comprendre dans son sens séminal ; l’inéluctabilité du cycle qui naîtrait de l’imprévision.
C’est la chair qui est effleuré et qui tressaille, comme ce piano aux cordes étouffées qui se joint à la persistance d’une cymbale dans le long « Des Corps » qui constitue la partie majeure de cette rencontre où la chair, encore elle, tremble, transpire, se plisse sans rompre ou exulte absolument. Le corps est réduit à sa forme reptilienne, délivré de toutes contingences, près à vibrer de chaque contact, fut-ce un effleurement ou un coup de semonce. Ces derniers sont rares, même si la tension monte crescendo. Le morceau de plus d’une demi-heure est parfois discret, étouffé, souterrain. Il ne s’agite qu’à l’occasion d’un tintement, où dans le claquement bref d’une corde sur le bois.
« Des Corps » est physique, c’est la moindre des choses. Charnel, nous l’avons dit, notamment lorsqu’une cavalcade de piano est submergé par une averse tonique de frappes qui fait monter la tension comme de la sève. Sensuel, c’est l’évidence, tant sont réclamées les émotions et le lâcher-prise dans ce tourbillon qui n’est jamais violent. On ne se cogne pas, on se laisse aspirer, porter, dominer par les courants contraires mais jamais acrimonieux, même lorsque la basse sèche et solide de Benjamin Duboc tente de contenir les éclats altérés d’un piano presque méconnaissable mais omniprésent.
Sexuel? Quand bien même la pochette le suggérerait, et que la musique laisse souvent la sensation de s’abandonner à toutes les sensations alentours dans une progression très étudiée, le propos n’est jamais licencieux ou polisson.
Lascif mais pas lubrique. Voluptueux mais pas suggestif.
En Corps s’adresse au corps, on ne s’en étonnera pas. Mais il n’oublie néanmoins pas les âmes, indispensables pour éprouver. On pourrait simplifier les choses en indiquant que c’est le sujet de la deuxième partie de ce concert capté l’an passé en Autriche, et que « Des Âmes » est effectivement plus aérien. Le piano est plus lointain et ne cherche plus à prendre le dessus sur une alliance contrebasse/percussions plus forte. Mais ce n’est qu’une simple redistribution des rôles dans une alchimie on ne peut plus stable, et le piano reprend le dessus, dans un ostinato troublant, en toute fin de morceau. Tout ceci est d’un même trait, d’une même peau, d’un même bois. On en citerait Hugo : « Ce n’est pas la chair qui est réelle, c’est l’âme. La chair est cendre, l’âme est flamme ».
Ce disque nous consume.
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