sept. 102013
• Chronique par Guy Sitruk sur Jazz à Paris (10 septembre 2013)
Steve Dalachinsky est un habitué de Paris.
Il vient nous rendre visite, au moins une fois par an, avec de nouveaux poèmes, des concerts plus ou moins programmés, des textes écrits ou peaufinés parfois juste avant de prendre la parole.
Les musiciens improvisateurs l’accueillent volontiers, mettant un écrin sur ses mots, sa voix, ponctuant ses moments de respiration, ses pauses.
On reconnaît sa voix, sa diction, ses intonations. Un vrai personnage, d’abord facile, attachant.
DarkTree, label d’exception, décide de lui consacrer son 3eme opus, en compagnie de Joëlle Léandre.
Où est l’urgence ? Où se nichera la rareté, la beauté fulgurante ?
On connaît le talent de chacun, mais quel projet ? quelles surprises ?
Dès la première écoute, dès la première plage « Vocalise », tous les doutes sont balayés : on sait qu’on tient une pièce maîtresse.
Tout d’abord, il ne s’agit pas d’accompagner musicalement le poéte : il faudra qu’il fasse sa propre improvisation musicale, quitte à sortir de son texte, de son phrasé, de ses inflexions, de ses accents qui sont consubstantiels à sa voix. Il lui faudra jouer avec ses mots, et la référence à Jeanne Lee, au scat, lui est un superbe tremplin.
Et quand il n’y a pas de texte ? Un exemple avec le 1er « interlude », une pièce de six minutes qu’on pense devoir être un solo de contrebasse. Steve Dalachinsky, ne peut rester en dehors. Il s’y jette, il murmure, il marmonne, « il grommelle des paroles indistinctes », il fait musique, en duo.
Un autre exemple avec Son of the sun : son poème est terminée … mais pas le chant de la contrebasse qui continue d’avancer. Trois minutes d’improvisations verbales, où ses vers sont repris, concassés, pour une vibration des corps, en une transe sonore. On pourrait poursuivre ainsi.
Quant à ses mots, ses textes, Dark Tree a eu la bonne idée de les publier sur la pochette. On y mesure le jeu sur les sons, les fulgurances d’images, les libertés prises lors de l’enregistrement, l’inspiration, la vie à l’oeuvre.
Ensuite et surtout, Joëlle Léandre !
C’est une musicienne somptueuse. Elle est ici exceptionnelle, inspiré, habitée.
Et elle a tant de rencontres à son actif ! Aussi choisit-elle de ne pas accompagner ce poète, mais d’improviser un chant puissant, sans s’interrompre un seul instant, bouleversant. On imagine bien qu’elle devait disposer de ses textes, sur son pupitre, comme d’autres auraient une partition, qu’elle a probablement infléchi par instants son voyage, mais elle produit là une vague immense, inexorable. On y reconnaît des bribes d’autres musiques, d’autres temps ? Oui, bien sûr. Mais cette vague arrache tout, compresse les références, sculpte des figures inédites.
On reste ébloui, exténué, brisé.
Il vient nous rendre visite, au moins une fois par an, avec de nouveaux poèmes, des concerts plus ou moins programmés, des textes écrits ou peaufinés parfois juste avant de prendre la parole.
Les musiciens improvisateurs l’accueillent volontiers, mettant un écrin sur ses mots, sa voix, ponctuant ses moments de respiration, ses pauses.
On reconnaît sa voix, sa diction, ses intonations. Un vrai personnage, d’abord facile, attachant.
DarkTree, label d’exception, décide de lui consacrer son 3eme opus, en compagnie de Joëlle Léandre.
Où est l’urgence ? Où se nichera la rareté, la beauté fulgurante ?
On connaît le talent de chacun, mais quel projet ? quelles surprises ?
Dès la première écoute, dès la première plage « Vocalise », tous les doutes sont balayés : on sait qu’on tient une pièce maîtresse.
Tout d’abord, il ne s’agit pas d’accompagner musicalement le poéte : il faudra qu’il fasse sa propre improvisation musicale, quitte à sortir de son texte, de son phrasé, de ses inflexions, de ses accents qui sont consubstantiels à sa voix. Il lui faudra jouer avec ses mots, et la référence à Jeanne Lee, au scat, lui est un superbe tremplin.
Et quand il n’y a pas de texte ? Un exemple avec le 1er « interlude », une pièce de six minutes qu’on pense devoir être un solo de contrebasse. Steve Dalachinsky, ne peut rester en dehors. Il s’y jette, il murmure, il marmonne, « il grommelle des paroles indistinctes », il fait musique, en duo.
Un autre exemple avec Son of the sun : son poème est terminée … mais pas le chant de la contrebasse qui continue d’avancer. Trois minutes d’improvisations verbales, où ses vers sont repris, concassés, pour une vibration des corps, en une transe sonore. On pourrait poursuivre ainsi.
Quant à ses mots, ses textes, Dark Tree a eu la bonne idée de les publier sur la pochette. On y mesure le jeu sur les sons, les fulgurances d’images, les libertés prises lors de l’enregistrement, l’inspiration, la vie à l’oeuvre.
Ensuite et surtout, Joëlle Léandre !
C’est une musicienne somptueuse. Elle est ici exceptionnelle, inspiré, habitée.
Et elle a tant de rencontres à son actif ! Aussi choisit-elle de ne pas accompagner ce poète, mais d’improviser un chant puissant, sans s’interrompre un seul instant, bouleversant. On imagine bien qu’elle devait disposer de ses textes, sur son pupitre, comme d’autres auraient une partition, qu’elle a probablement infléchi par instants son voyage, mais elle produit là une vague immense, inexorable. On y reconnaît des bribes d’autres musiques, d’autres temps ? Oui, bien sûr. Mais cette vague arrache tout, compresse les références, sculpte des figures inédites.
On reste ébloui, exténué, brisé.
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