Encore sur les cimes…
Le concert de rentrée, A l’Improviste, réunissait un trio d’exception « Pourtant les cïmes » (Benjamin Duboc, Didier Lasserre, Daunik Lazro), et une invitée vibrionnante d’invention, Isabelle Duthoit.
« Pourtant les cimes des arbres » était le titre de leur premier CD sur Dark Tree (voir chronique).
Une réussite déjà, suivie par un autre disque tout aussi remarquable, « Sens Radiant », toujours chez Dark Tree (et nouvelle chronique).
Daunik Lazro a joué en duo avec Isabelle Duthoit, et Bertrand Gastaut, l’âme de Dark Tree, avait invité « at home » en juin 2013 un trio réunissant Sophie Agnel, Isabelle Duthoit et Benjamin Duboc (voir chronique ).
Réunir ce « trio augmenté » était tout de même un pari, comme toujours en matière de musique improvisée (tout se joue dans l’instant, dans la propagation d’ondes imperceptibles), d’autant que le niveau d’exigence de ces musiciens est sévère.
Inutile d’user de superlatifs, nous eûmes droit à ce qu’on espérait : les caresses, les claquements secs d’une précision extrême de Didier Lasserre, la basse de Benjamin Duboc qui se sert de tout votre corps comme caisse de résonance, les voix multiples sortant du baryton de Daunik Lazro qui font douter de leur origine, qui font tendre l’oreille pour s’assurer que leur source est bien là, et ce jeu tout intérieur d’Isabelle Duthoit qui nous invite dans son théâtre étrange où le visage (les yeux fermés), les doigts, le corps disent autant que la voix ou la clarinette.
Musique improvisée, oui bien sûr, mais qui parfois était traversée par des fulgurances de blues (Daunik Lazro y a une part de son terreau) ou des réminiscences de Saint James Infirmary version Duboc. Et parfois s’installe une séquence répétitive, un bourdon, un quasi transe basse-batterie. Didier Lasserre et Benjamin Duboc semblent faire une offrande aux deux souffleurs qui sont alors propulsés au meilleur d’eux même.
Pourquoi parler d’un concert donné il y a un mois ? J’avais capté quelques petites séquences vidéos, décevantes au plan du son, et aux cadrages limités. C’est toute la science des techniciens de Radio France d’avoir rendu justice à ce concert, aux sons des quatre musiciens. C’est d’ailleurs ce que j’espérais. Cette vidéo ne nécessite que votre temps, votre attention.
Et si vous en voulez davantage, écoutez donc la fin de l’émission « A l’improviste » pour entendre ce qui s’y est dit à propos de Jean Jacques Avenel, ce contrebassiste auquel était dédié cette émission. Vous ne verrez pas les regards émus des musiciens, mais vous entendrez le son de la basse et la voix de JJ Avenel lorsqu’il parlait de la proximité de ses sonorités, de son jeu avec la kora.
Vous n’aurez en revanche aucun écho de la révolte toujours présente de Daunik Lazro (« Ils nous invitent, eux ? ») mais pour ça, il aurait fallu être là.
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