Celle de Sens Radiants, spontanée et poétique, constitue une belle réponse positive et exemplaire face à cet épiphénomène hexagonal. Plus que collective, cette musique est unitaire et unifie chaque son de Lazro, Duboc et Lasserre, soit sax baryton, contrebasse et caisse claires et cymbales en une symbiose totalisante et épurée. On est loin de l’enchevêtrement des lignes, des arcs et des points, de l’art du ricochet, du call and response, des parallèles qui se rejoignent et de cette alternance accélérations subites et effrénées / unisson statique de la free-music. Et pourtant le sax baryton gronde et grogne par intermittence sur une note tenue qui s’évanouit vers l’aigu, mais le contrebassiste et le percussionniste créent des tensions imprévues avec de simples mini-crescendi de frappes et de frottements. Ceux-ci s’éteignent et renaissent sans prévenir, comme dans une nature ensauvagée. Il y a une vie intense et plusieurs écoutes sont nécessaires pour la pénétrer. Leur acte de jouer, sincère et engagé, naturel et non convenu, exprime l’esprit inextinguible des improvisateurs, ceux qui autant par choix intime que par conviction, ne regardent plus dans le rétroviseur, mais droit devant… Un très bel album.
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